mercredi, décembre 5

Un blanc en neige




A un certain moment nous tournons une page et rencontrons le néant.

Je suis à ce moment-là : dans une chambre blanche sans fond, lumineuse mais vide.
Il n'y a pas de miroir pour la perception, pas de lit ni pour le repos ni pour les cauchemars.
Pas de chaise parce qu'il n'y a rien à voir. 
Et pas d'armoire puisqu'il n'y a rien à ranger, puisqu'il n'y a plus de mémoire.

A un certain moment, je suis passée d'un salon tumultueux et enfumé à un jardin d'hiver enneigé, du vacarme au silence, du trépidant à l'absence.
Je suis à ce moment là, où je ne trouve plus ni peine ni joie, et qu'il n'y a plus personne pour me dessiner des projets, qu'il n'y a plus que l'écho des choses entamées.
Je dois tout me fabriquer dans ce vierge présent, un but, des moyens, des crayons.
Je dois moi-même trouver un dessein à cette page, une issue, une note à la mélodie.


Tout ce vide autour m'oppresse, ces amis qui ne sont plus ici, ma famille qui est loin, cette terre sillonnée d'eau, ce ciel balafré de gris, ces choses que je ne reconnais pas, les endroits dont je ne me souviens plus.

A un certain moment, il n'y a plus de pierre à rouler, plus de pensées tournoyantes et usées, tout est nouveau, terrifiant de nouveauté.
les anciennes épaules, éponges aux larmes inutiles ne sont plus à portée, on se redécouvre un refuge, on cherche une ombre, reste encore à trouver son objet.
 
je suis à ce moment-là où la neige ne me surprend plus, me fait sentir exilée, assoiffée d'une autre blancheur, d'un vrai soleil...
Ce moment où passé l’émerveillement de la ville nouvelle et des pierres penchées, il ne reste que l'âcre goût des absences, pas de chaux blanche, pas de coupoles ni de minarets.

De cette langue chantante qui m'invite à danser, il ne reste que ma voix pour percer les consonnes bruyantes.
je comprends maintenant la gloire de l'automne dans le nord, son cuivre, ses dorures, ses reflets princiers, tout cet étalage sert à consoler du vide qui suit, du lourd hiver, de son manteau blanc et gris.

je suis à ce moment là, je n'ai ni regret ni espoir, je tâtonne dans le blanc, je cherche une voie, un signe. Entre les couches indignes de laine et de duvet, la conscience tarde à m'atteindre.


A un certain moment, il faudrait que je commence...un bruit dans ce silence. 


lundi, décembre 3

wordtrash: L'Homme est une île.

wordtrash: L'Homme est une île.: J’ai décidé d’oublier, je suis une île en plein océan, je n’ai pas de télé, je n’ai pas de radio, poupée de cire, poupée de son. ...

jeudi, novembre 22

Israël...







Il m'est arrivé en lisant des livres (Mendelsohn, Gray, Franck) de pleurer à chaudes larmes le calvaire des juifs déportés, les morts et les injustices que l'europe -que je sache- a commises. Y-a-t-il une mère en Israël qui compatit avec la douleur de ceux qui ont perdu leur bébés ? Y-a-t-il une larme versée de l'autre coté du mur ? y-a-t-il Homme...et Homme de second degré ??

pensent-ils que justice est faite ?

Parlons-en de justice, Israël s’est petit à petit octroyé 20 700 km² de terres, Gaza seulement 365 km². 

Le GDP israélien est de l’ordre de 31000 dollars, celui de Palestine est de 1483 dollars. 

Quand un missile palestinien (qui coûte dans les 800 dollars) tombe sur Israël, les immeubles ont des abris, des bunkers, les pertes sont rarement humaines, ils le savent des deux cotés, quand un missile israélien (qui coûte 30 000 dollars) tombe sur la Palestine, il n’y a rien pour protéger : pas de bunker, pas de béton solide, parfois pas de maisons. Israël cet état de droit, cette grande démocratie tolère les colonies sauvages

Israël, qui a signé l’accord de Genève a depuis triplé ses surfaces, ces octrois, sa vanité et sa haine. 

Comment peut-on signer la paix quand on a perdu des bébés, comment peut-on parler de réconciliation quand on a perdu ses oliviers, sa terre, qu’on a rasé les pierres ? Comment peut-on s’asseoir à une même table quand chaque famille palestinienne a au moins perdu un de ses membres ?

Israël, tu es une plaie à jamais ouverte sur le front de l’Humain, une plaie puante et laide, Israël, nous ne pardonnerons jamais, et contrairement à toi, nous ne changerons pas d’ennemis.


Israël, tu es la première à savoir que la roue tourne, que les bourreaux sont toujours vaincus, que la justice divine rattrape l’homme, toujours. Tu es la première à savoir qu’il n’y a pas détour.
tu as ta précieuse arme nucléaire. Mais les cœurs pleins de ressentiment subissent aussi des fissions.


lundi, novembre 19

Pour que je n'oublie pas...



Pour que je n’oublie pas, puisque tout ce qu’on écrit est gravé sur ce mur, que plus rien ne se perd.


Pendant qu’on se déchire pour savoir qui est le coupable, qui est le tueur, qui est le témoin, des enfants, des femmes et quelques hommes dont un seul est peut-être coupable sont morts à Gaza, pour quelques fusées qui ont raté leur cibles.

Israël a la mémoire courte, elle, qui tire sa légitimité de l’horreur de l’holocauste, le fait revivre chaque jour à des milliers d’êtres humains. On passe facilement de victime à bourreau. 

Israël a la mémoire courte, et la Palestine n’a pas Spielberg pour raconter l’horreur, les oliviers n’ont pas de voix pour dire le nom et la race de leurs planteur vaillant. Israël oublie si vite les larmes juives des mères qui ont perdu leurs bébés dans les ghettos. Peut-être pense-t-elle que la douleur juive est plus noble ? Que les larmes israéliennes sont plus précieuses, que le sang arabe est insignifiant ? Ce que pensait Hitler en somme, mais chut, il ne faut pas dire ces choses, la liberté d’expression s’arrête quand commence l’inconfort sioniste. La liberté d’expression est une robe à leur mesure. Comme le nucléaire et les lance missiles, toutes les armes doivent maintenant être de leur coté, toute l’eau de la région doit irriguer leur soif, que tout le reste crève, que la terre autour devienne désert, qu'on efface les frontières mal dessinées, plus de Genève, la Palestine finit là où s'épuise le colon, pas avant.

Le mur des lamentations est mal placé, c’est à la mère palestinienne qui perd ses enfants un à un de venir pleurer sur ce qui reste de terre, ce qui reste de dignité. C’est à l’homme palestinien qui a perdu ses chèvres et ses arbres de venir pleurer sa faim, sa fin.

Pour que je n’oublie pas, deux ans après le printemps arabe, des gens meurent dans nos prisons, et la Palestine est bombardée.
Je ne veux pas oublier pour ne jamais plus espérer aussi naïvement et aussi fort. Même les rêves ont tort.

lundi, octobre 1

La vérité si vous mentez.


   La foi prise en photos, les prières télévisées. Des versets  pour endiguer les grèves, des versets pour empêcher les rassemblements, de l’appropriation de la croyance à toutes les sauces, on a eu tout cela et plus.


   Des promesses non tenues, oui, on en a eus. Des femmes violées sur les bancs des accusés comme au temps de Ben Ali, mais dans ces temps ténébreux, c’était l’impunité de ses gens, et maintenant, nous voilà avec la bêtise des foules : elle l’a bien cherchée.


    On a eu les coupures d’eau, d’électricité, on a eu les barrages des vendredis, les mosquées vides mais les rues pleines, on a eu une école brûlée et 4 tunisiens morts pour défendre l’islam. Drôle de façon de punir les USA. On a eu la peste, on a eu le choléra. Il ne manque que la vérité.


   On a eu l’orgueil de se croire les meilleurs, de se croire les élus, l’orgueil de penser que la légalité fait la compétence.

  On a eu l’indécence des soupçons et les trop faciles théories du complot, on a eu toute l’artillerie lourde des demandes de compensation, il ne manque que la vérité.

   On est restés des heures scotchés à entendre 80 ministres entre radios et télés, jour après jour nous abreuver de futur du conditionnel, nous abreuver de tout va bien, tout est rose, toutes les promesses ont été faites, tous les serments. Tous les postes sont pris, tout y est, il ne manque que la vérité.


   La vérité c’est l’humilité de dire : nous avons échoué, c’est la sincérité d’avouer s’être démené sans résultats, d’avoir fait de faux calculs, d’avoir parfois trop pensé au parti et pas assez à la patrie, la vérité c’est de dire : non, nous ne pourrons pas, nous passons le flambeau, nous n’avons pas les compétences, nous n’avons pas le nécessaire, nous avons trahi, nous avons failli. De tous ces flots de mots, de tous ces discours, de toutes ces heures d’écoute écoulées à berner et à berner, on a tout entendu, ne manquait que la vérité.


     Mais c’est bien connu, elle est si difficile à dire, et c’est bien connu aussi, elle est la dernière chose qui sort de la bouche des politiciens, même ceux qui prétendent si bien, être irréprochables. Leur morale est une fable.


    On a connu la violence au nom de la foi, on a connu la mort au nom de la foi, ils ont tout servi à petites bouchées, il ne manquait que la vérité.  


    Comment écrire le coup de gueule, quelles lettres pour transcrire le hurlement à la lune ? Y'a-t-il une manière de dire NON, fort, vraiment fort, tellement fort que tout s'arrête un instant et qu'on recommence : sans mensonges, sans violence, sans division ?

mercredi, mai 9

Les bords




Je vis au bord d’un canal, quelques fois des canards se risquent sur ma terre ferme et viennent accompagner mes pas jusqu’à la porte, une révérence humide.


Mon vélo est gris, je longe avec lui la ville, d’eau en eau, je parcours les rues calmes. Cheveux noirs au vent, une aberration parmi tout ce blond.


Je vis au bord de la ville, le vert m’émeut encore, même en overdose, le soleil se fait désirer, alors, je pédale pour oublier que le sud est loin, parfois je me noie dans un pavé d’histoire.


Je vis au bord du souvenir. J’ai des envies de meurtre pour la distance qui m’éloigne d’Elle, des rêves d’exterminer un à un les kilomètres qui me séparent du bitume familier, de la chaleur du foyer originel. Je joncherais le sol et la mer des mètres morts. 


Des envies de meurtre quand l’écran me parle et non ma mère, quand mes amis se réduisent à des codes binaires.


Des nostalgies de l’intense, de la foule que je connais, des visages familiers et familiaux, des leurs rires, de nos danses. Je n’avais pas connu l’exil à Paris, je le connais maintenant. La solitude est un poison.


Heureusement…


Je vis au bord d’un canal, le temps est plus doux, le soleil,  moins capricieux, quelques cygnes au pied de ma porte et des bateaux qui tanguent, alors je tourne, tourne les pédales, comme autant de moulins, un Don Quichotte urbain.


Heureusement…
Que mon panier est rose, un beau bouquet de tulipes au salon, et par un 18 pouces, une fenêtre sur ce que j’ai laissé, quelques senteurs filtrent, quelques sons. Une tête brûlée parmi tout ce blond.



vendredi, février 24

Le Doute, la Femme, l'Amour.



Le Doute 

Cet instrument de torture, cette corde à peine lâche, tout autour du cou.
Syllogisme de la raison : si je doute, je souffre de mon incertitude, de l’absence de conviction.
Mais le chemin le plus sûr vers le savoir passe par ce gouffre, alors on souffre, on souffre.
Je regarde hébétée la tranquillité des insouciants, et leurs énoncés sans peut-être, l’imperméabilité de leurs lettres.
Je m’étonne constamment, des catégoriques oui et non.
S’il faut souffrir pour être belle, il faut souffrir, aussi, pour être sage, ou du moins, pour comprendre, toujours, d’où nous venons, où nous allons.



La Femme...

Chaque jour, en assemblée ou en solo vous vous penchez sur sa question, sur ses droits inexistants, chaque jour vous avancez d’un an l’âge de se défloraison. Chaque jour vous prenez votre plaisir en lui volant le sien, vous inventez ses liens, et d’autres inventent le dernier remède ou la dernière arme, mais vous, vous, il vous faut avant tout régler l’épineuse question du sexe…faible.

Quand d’autres que vous sillonnent la terre, d’autres que vous soignent les maux des créatures de Dieu, vous vous enfermez dans vos abysses et cherchez, cherchez encore comment lui enlever un savoir, comment l’empêcher d’apprendre, comment lui enlever le bonheur et le rendre dépendant du vôtre.

Chez vous, la virilité se mesure en longueur de barbe, la sagesse en nombre d’interdits, vous érigez des murs à chacun de vos pas, votre voix est toujours à un octave de plus, chez vous, vous pensez détenir LA vérité, vous pensez toujours avoir raison, vous divisez ce monde en deux, les condamnés et vos partisans, vous arrivez à fragmenter un pays,  une famille en morceau, à ébrécher les miroirs fragiles de nos perceptions
 


L’Amour

J’ai mis un nom sur ma machine à sang, à sons. J’ai mis ton prénom, j’ai mis des poèmes et des versets, j’ai écrit ‘toujours’ avant de savoir, je n’ai pas eu peur, j’ai gribouillé des A, partout sur mes cahiers, partout sur mes carnets, et meublé nos silences par la cacophonie des mots.
J’ai pensé que mon cœur ne connaît que l’automne, que l’hibernation se transformait en glace, que je n’avais droit qu’à ça…que je ne pouvais pas avoir plus, parce que trop ordinaire, égoïste parfois, parce que émotive, pleurnicharde, romantique…pour mille raisons.
Tu me dessines des arcs en ciel, tu me dessines des roses, tu me dessines un avenir, tu allumes une lumière et le monde est différent.
Personne avant toi n’a pris mes couleurs et n’a dessiné pour moi un ciel plus bleu, personne avant toi ne m’a regardé avec tes yeux.



jeudi, janvier 26

Mercure


Tout appelle au bonheur, l’amour et les fêtes ; les belles robes et les paillettes...Les perles en collier, en bracelet ; les beaux tapis empaquetés et la vaisselle dorée.

Et puis parfois la pensée sombre dans tout ce qui va mal, les bateaux qui coulent, la terre qui roule, les routes qu’on coupe, les chairs qu’on découpe, les barbes et les grilles, les mots et les non dits.


Nous regardons impuissants le spectacle de l’effondrement d’un château de cartes. Depuis longtemps la pomme pourrissait de l’intérieur, sans que la peau ne craquelle.
Ceux qui se prennent pour des Don Quichotte et s’inventent des moulins à vent et invectivent les palmes invisibles, et invectivent les autres, et pensent au complot comme à une rame de métro...Ce sont ceux-là mêmes qui voient l'enfer en l'autre, et traînent leurs complexe de "superio-feriorité".


Il y a des déceptions qui prennent à la gorge, étouffent le pardon et étouffent l’espoir en quelque chose de bon. Je ne remets pas l’usé à la corde, rafistolé jusqu’à la moelle, la poubelle est une déchirure de l’âme. J’y mets de ces choses ! Les anciens souvenirs quand la place manque, les gens qui ont changé, les changements malheureux, les cotons usés, les torchons abusés, et puis tout ce qui à force de s’amortir devient lourd à porter : les fardeaux quand les épaules ne portent plus. 


Je n’ai pas honte de dire que je suis une goutte de mercure, lourde et fuyante, sensible à la chaleur et au froid, alterne le haut, alterne le bas. Amnésique de l’euphorie et oublieuse de la déchéance, à la mémoire fractionnable et saturée. 


Je consomme mes parcelles, mes portions, empiète jusqu’à épuisement. Médite sur le chou, le vert, l’aigre-doux. Trouve une poésie au bêton, une laideur à la dorure. Collectionne les gaffes, les flacons et les sacs…Je bois comme d’autres lisent, lis comme d’autres boivent, m’abreuve des bêtises des romans à l’eau de rose. En continuel marchandage avec l’intellectuel, j’oublie puis me souviens, en apnée du souvenir, de l’angoisse du lendemain. Optimiste qui se soigne depuis peu, abonnée au mirage, pétrie de foi et de doute. 
Je consomme sans modération les mots, les digère mal, peu.


Je ne pense pas qu’ils aient raison, tout le monde devrait se dire que non, les choses tendent vers le chaos. Aucun mot ne transperce la gorge, aucun son ne troue les tympans. Les choses se dégradent en silence, comme un désert en minéral. Les couleurs terre habillent de nudité un cœur de nickel en fusion, ça se résume à si peu de choses...nous foulons le silicium et la prose. Nous piétinons, dégradons, abusons, jusqu'à être abusés.