La foi prise en photos, les
prières télévisées. Des versets pour
endiguer les grèves, des versets pour empêcher les rassemblements, de l’appropriation
de la croyance à toutes les sauces, on a eu tout cela et plus.
Des promesses non tenues, oui, on
en a eus. Des femmes violées sur les bancs des accusés comme au temps de Ben
Ali, mais dans ces temps ténébreux, c’était l’impunité de ses gens, et
maintenant, nous voilà avec la bêtise des foules : elle l’a bien cherchée.
On a eu les coupures d’eau, d’électricité,
on a eu les barrages des vendredis, les mosquées vides mais les rues pleines,
on a eu une école brûlée et 4 tunisiens morts pour défendre l’islam. Drôle de
façon de punir les USA. On a eu la peste, on a eu le choléra. Il ne manque que
la vérité.
On a eu l’orgueil de se croire
les meilleurs, de se croire les élus, l’orgueil de penser que la légalité fait
la compétence.
On a eu l’indécence des soupçons
et les trop faciles théories du complot, on a eu toute l’artillerie lourde des
demandes de compensation, il ne manque que la vérité.
On est restés des heures scotchés
à entendre 80 ministres entre radios et télés, jour après jour nous abreuver de
futur du conditionnel, nous abreuver de tout va bien, tout est rose, toutes les
promesses ont été faites, tous les serments. Tous les postes sont pris, tout y
est, il ne manque que la vérité.
La vérité c’est l’humilité de
dire : nous avons échoué, c’est la sincérité d’avouer s’être démené sans
résultats, d’avoir fait de faux calculs, d’avoir parfois trop pensé au parti et pas assez à la
patrie, la vérité c’est de dire : non, nous ne pourrons pas, nous passons
le flambeau, nous n’avons pas les compétences, nous n’avons pas le nécessaire,
nous avons trahi, nous avons failli. De tous ces flots de mots, de tous ces
discours, de toutes ces heures d’écoute écoulées à berner et à berner, on a
tout entendu, ne manquait que la vérité.
Mais c’est bien connu, elle est
si difficile à dire, et c’est bien connu aussi, elle est la dernière chose qui
sort de la bouche des politiciens, même ceux qui prétendent si bien, être
irréprochables. Leur morale est une fable.
On a connu la violence au nom de
la foi, on a connu la mort au nom de la foi, ils ont tout servi à petites
bouchées, il ne manquait que la vérité.